Les primaires au PS: la fin du cycle d’Epinay

Très belle réunion politique, ce soir, à la salle Michelet de Fleury les Aubrais. Olivier Ferrand, président de la fondation Terra Nova et grand promoteur, avec Arnaud Montebourg,  de l’idée de primaires ouvertes, nous a fait un exposé clair et brillant sur les conditions d’une reconquête du pouvoir par la gauche (pas seulement socialiste!) au niveau national.  Sa présentation a été suivie d’un échange de questions/réponses envisageant aussi bien des interrogations pratiques (comment qu’on fait pour organiser des primaires?) que des craintes compréhensibles face à un dispositif inédit dans notre pays.

L’idée de primaires, portée par le « think tank » Terra nova s’enracine à la fois dans le constat des 3 échecs électoraux passés du PS à la présidence de la république (en 1995, 2002 et 2007) et dans l’analyse d’expériences réussies de mobilisation électorale en Grèce, en Italie, et bien sûr aux etats Unis. Elections (1)

Elle obéit à 3 objectifs principaux:

1) Ouvrir la compétition électorale dans et hors du PS en favorisant l’émergence de nouvelles figures qui ne bénéficient pas d’une légitimité a priori conférée par l’appareil. L’idée est de rendre possible l’apparition d’Obama français, c’est à dire de candidats « nouveaux », talentueux et jeunes;

2) Doper l’action militante par une large participation populaire (4 à 5 millions de personnes). Selon les observations réalisées dans les pays qui ont eu recours à des primaires, environ 10% des participants se proposent ensuite pour jouer un rôle actif de mobilisation au cours de la campagne qui suit;

3) créer une dynamique vicorieuse dans l’opinion, à condition que la dramaturgie du rassemblement soit correctement orchestrée à l’issue du processus de désignation du candidat: c’est tout l’enjeu d’une convention de fin de primaires, qui permet de sceller la réconciliation entre les candidats vaincus et le vainqueur et de lancer la campagne. La convention est ainsi indissociable de la mise en oeuvre des primaires.

B. Obama et H. Clinton

La réflexion est convaincante, car d’une part elle remet le citoyen au coeur du processus de décision, et d’autre part elle constitue un outil efficace de revitalisation démocratique, qui semble bien plus en phase avec les attentes de nos concitoyens que les oukases d’un parti unique.

Comme l’a souligné O. Ferrand, le cycle ouvert à Epinay en 1971 est clos. Le PS est à la croisée des chemins, mais il dispose des moyens de sa propre rénovation, au prox d’un « dépassement » de certains des dogmes qui l’ont fondé. Il est bon qu’il s’adapte enfin aux règles d’un Vème république qu’il n’a pas choisie, mais dont il a vocation à assurer le gouvernement, au même titre que les partis de la droite républicaine.

Nouvelles propositions idéologiques, nouvelles militances, nouvelles pratiques: décidément, le PS change. Qu’on se le dise!

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16 commentaires pour Les primaires au PS: la fin du cycle d’Epinay

  1. polikarpov dit :

    « Nouvelles propositions idéologiques, nouvelles militances, nouvelles pratiques: décidément, le PS change. Qu’on se le dise! ».
    Dans cette phrase le « nouvelles pratiques me fait rêver.
    Est-ce que ces primaires s’organiseront en dehors de « l’appareil du parti » ?
    Pour moi tout est là car les femmes et les hommes sont toujours là avec leurs ego et leurs travers.
    Autre chose qui me tient à cœur. Nous n’avons pas réglé cette idée de justice dans le parti.
    Certes il est nécessaire de faire semblant et de se forcer à oublier mais les vieilles pratiques du dernier congrès sont présentes. Rien n’est réglé et cela risque de nous revenir dans la gueule même si, comme je le crois et le souhaite, la dynamique de ces primaires permettra de faire table rase de toutes les vieilles chicaneries et tricheries.
    En tout cas si un parti fait fi de problèmes d’honnêteté et de justice en son sein ce n’est pas bon du tout. La justice est quand même un des piliers de notre Démocratie et un parti qui se dit de gouvernement ne doit pas jouer avec ça. C’est un peu comme un pays qui ne fait pas son autocritique vis à vis de son passé. Il se traine ce boulet et les rancœurs sont persistantes. C’est un peu comme le sparadra du Cne Haddock dans « Vol 714 pour Sydney ».

  2. Colin dit :

    Au fait ce très brillant M Ferrand n’émarge-t-il pas chez Sarkosi au titre de la commission Rocard -Juppé . Bel exemple pour la rénovation de la gauche !!!

  3. CLT dit :

    @ Polikarpov : au moins la scène du sparadrap est-elle drôle.
    Si les primaires ne sont pas un instrument pour contourner l’appareil, je n’y comprends plus rien. C’est pour cela que je parle de fin de cycle : Si le processus de rénovation en cours va jusqu’à son terme, il aboutira à une transformation si profonde qu’elle s’apparentera à une refondation du parti, et au delà, à une évolution sensible de la vie politique française.

    @ Colin : Je n’ai pas compris où était le pb. M. Ferrand est, accessoirement, spécialiste de finances publiques(il a co écrit un manuel sur ce sujet) et haut fonctionnaire. Que deux anciens premiers ministres fassent appel à ses compétences sur un sujet technique comme le grand emprunt, est-ce suffisant pour mettre en doute la sincérité de son engagement? Je ne le pense pas.
    Par ailleurs, l’idée de primaires semble intéressante en elle même, bien au delà de la personnalité de celui ou de ceux qui la portent.

  4. Colin dit :

    Vous ne voyez pas le pb ….C’est bien là le pb .On ne voit plus au Ps comme ailleurs dans ce pays les pb de morale .Même les condamnations pénales n’entravent pas les sacro-saintes carrieres poliques seule l’inégibité fait peur … Cambadelis… Huchon … Alors cautionner la polique actuelle contre quelques billets quelle importance ?

  5. CLT dit :

    Sauf que vous mélangez tout. La participation à la commission n’est pas rémunérée. Et n’a rien à voir avec une condamnation pénale.
    Sur l’inéligibilité je vous rejoins complètement. Un élu qui a fait l’objet d’une condamnation pénale, même minime, devrait être inéligible.
    Voyez vous Colin, je suis fonctionnaire d’Etat. Et je n’ai pas démissionné quand N. Sarkozy a été élu. Personne ne l’a fait d’ailleurs, à juste titre. Parce que ce n’est pas une personne que nous servons mais la République. La question de l’emprunt est une affaire d’intérêt national vu l’état des finances de notre pays. Il n’est pas de mauvaise méthode d’y associer des personnes de droite et de gauche. Ce qui serait choquant, c’est si cette commission donnait un quitus politique au président.

  6. Colin dit :

    Il est bien évident que bas-fonctionnaire je ne compends rien à rien et que la morale prolétarienne est obsolète . D’ailleurs combien d’entre-nous ont déserté le PS à votre profit mesdames et messieux les intellectuels … les électeurs suivent …

  7. CLT dit :

    La machine à perdre est repartie! Bravo!

  8. Pascal dit :

    Au boulot, moi, quand un type de droite me demande un truc, je refuse de bosser.

  9. polikarpov dit :

    Je suis assez d’accord avec ce que tu dis sur la « transformation si profonde ». Je l’espère et je suis sûr que la dynamique créée bousculera tout.
    Merci de ton optimisme, il est contagieux.

  10. polikarpov dit :

    « Etes-vous favorables à la création dans notre parti d’une autorité indépendante et incontestée, chargée de faire respecter les règles d’éthique et de droit s’imposant à tous les adhérents du Parti Socialiste, disposant des moyens de les faire respecter et tranchant en dernier ressort toute question en rapport avec la violation de nos règles communes ? »
    Voilà une « putain de bonne question » qui mettra bon ordre si le résultat est positif.

  11. Jean du MoDem dit :

    Madame, je vous adresse mes félicitations pour cet extraordinaire texte de votre déclaration de candidature.

    Dans un article précédent, vous avez présenté votre conception de la démocratie participative sous forme de rêve. Ici, sous une forme empruntée à une tierce personne vous exprimez vos propres espoirs de…candidature.

    « L’idée est de rendre possible l’apparition d’Obama français, c’est à dire de candidats “nouveaux”, talentueux et jeunes ». De vos nombreux articles sur les USA ressortent une attirance pour les institutions de ce pays. Est-ce suffisant?

    « Nouvelles propositions idéologiques, nouvelles militances, nouvelles pratiques: décidément, le PS change. Qu’on se le dise! ». Dise, cette « déclaration de candidature » en est une preuve.

    Quelle est la signification de la photo, où Hillary Clinton est devant en grand et Barack Obama, en arrière applaudissant?

  12. CLT dit :

    C’est juste une illustration de la dynamique de rassemblement que les démocrates ont su construire, malgré une pré campagne de primaires particulièrement dure.
    Pour le reste, l’interprétation que vous proposez n’engage que vous…

  13. Jean du MoDem dit :

    « C’est juste une illustration de la dynamique de rassemblement que les démocrates ont su construire, malgré une pré campagne de primaires particulièrement dure ». Admettons!

    « Pour le reste, l’interprétation que vous proposez n’engage que vous… » je complète les points de suspension: et engage les candidats et candidates du PS à rédiger un texte équivalent pour leur candidature.

  14. colin dit :

    Chère madame sur « le monde » daté de ce jour un article qui peut vous éclairer sur ces gens réputés de gauche qui ne resistent pas aux sirènes sarkosistes ….

  15. CLT dit :

    Oui, Colin, et un article du Canard enchainé assez accablant, qui va dans le sens que vous indiquiez. J’ai d’ailleurs pensé à vous en le lisant.
    J’avoue qu je ne sais plus que penser.
    En tout cas, je souhaite dissocier le discours sur les primaires de celui qui le porte. Et, pardon, mais je veux croire en la rénovation du PS. Les militants qui en rêvent sont sincères, eux.

    Bien à vous,

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